LE GRINCEMENTS DE DENTS NOCTURNES

Quelles sont les causes du bruxisme, pourquoi il apparaît et comment y remédier ?

Si vous avez déjà dormi à côté d’une personne concernée par le bruxisme, vous savez à quel point ce trouble peut être inconfortable. Mais s’il l’est pour vos oreilles, il l’est aussi pour la personne touchée.

Le bruxisme se caractérise par une contraction ou un mouvement rythmique des muscles de la mâchoire pendant la nuit, entraînant souvent un grincement des dents. Cette tension musculaire survient généralement durant les phases de sommeil léger et peut avoir des répercussions sur la qualité du repos. «On constate moins d’épisodes de bruxisme dans le sommeil profond ou paradoxal, les muscles étant beaucoup plus détendus, presque paralysés, pour nous éviter de vivre nos rêves», explique le Dr Haba-Rubio, neurologue et spécialiste au Centre du sommeil de Florimont et au Centre du sommeil du CHUV.

Les enfants particulièrement concernés par le bruxisme.

Si le phénomène touche certains adultes, il est surtout présent chez les enfants. 

«On considère que jusqu’à un enfant sur trois à l’âge de 6 ans bruxe, précise le Dr Haba-Rubio. Ce sont souvent de petits épisodes de bruxisme, qui ne surviennent pas forcément toutes les nuits.» 

La fréquence diminue ensuite durant l’adolescence puis à l’âge adulte, où environ 8% des personnes sont concernées par le bruxisme.

S’il est difficile de savoir d’où viennent ces tensions musculaires de la mâchoire, il semblerait qu’une forte composante génétique entre en jeu, comme c’est le cas pour d’autres parasomnies telles que le somnambulisme ou les terreurs nocturnes. Mais d’autres facteurs peuvent s’ajouter, notamment l’anxiété, en particulier durant l’enfance. «On constate que les enfants qui bruxent sont souvent plus nerveux, plus tendus», explique le spécialiste.

Les conséquences sur la santé avec le bruxisme ?

Même s’il paraît anodin, ce trouble peut engendrer des répercussions à plusieurs niveaux. «L’un des symptômes dont se plaignent le plus souvent les patients, ce sont des maux de tête ou des crampes à la mâchoire au réveil», constate José Haba-Rubio. Une tension due aux contractions nocturnes de l’articulation temporo-mandibulaire et des muscles temporaux et masséter (de la mastication). «Dans les cas extrêmes, cela entraîne même chez ces patients des difficultés à effectuer les mouvements d’ouverture ou de fermeture de la bouche.»

La qualité du sommeil est également impactée. Les contractions de la mâchoire provoquent en effet des micro-réveils répétés. «Ces réveils sont trop courts pour être enregistrés par le cerveau, donc on a l’impression de bien dormir. Mais ce n’est pas un sommeil récupérateur», explique le Dr Haba-Rubio.

Enfin, le bruxisme s’observe au niveau dentaire. Sur le long terme, les frottements finissent par provoquer une usure généralisée des dents.

Comment arrêter le bruxisme ?

Lorsqu’il prend des proportions trop importantes – fatigue diurne, céphalées, usure importante des dents, gêne du conjoint... – le bruxisme doit être pris en charge par un médecin. On recommande alors à ces patients d’utiliser une gouttière occlusale durant la nuit, afin d’éviter le frottement. Elles sont utilisées en première intention et permettent de soulager les douleurs articulaires et musculaires.

Le bruxisme étant en relation avec des facteurs émotionnels, il convient également de rechercher des éléments déclencheurs de stress ou d’anxiété et d’introduire éventuellement la pratique d’activités physiques ou de relaxation dans la journée. Dans certains cas, une approche comportementale, comme une psychothérapie ou une thérapie cognitivo-comportementale, peut être envisagée.

«On évite le recours aux médicaments, car ils n’ont pas véritablement fait leurs preuves sur cette pathologie, ajoute José Haba-Rubio. Eventuellement, en cas de forte tension musculaire, on peut néanmoins proposer certains anxiolytiques qui agissent sur le stress.»

Source : www.illustré.ch

Article rédigé en collaboration avec Planète Santé